mercredi 23 juillet 2014

Départ de Queenstown - Deuxième du nom !


Pour récapituler, après le festival, nous sommes retournés chez Pascale et sa fille Nevada pour qui nous avions gardé la maison en septembre dernier. Elles se sont accordées en cette fin de mois d'Avril un petit séjour à Sydney. Nous veillions ainsi sur leurs petites créatures à poils pendant leur absence.
A leur retour nous parlons de projets et de fil en aiguille, nous voilà en « Wwoofing ». En échange de quelques heures de jardinage par jour, Pascale nous loge et nous nourrit. Nous sommes aux anges, l'envie d'aller re-tailler des vignes nous faisant largement défaut.
On coupe de l'arbre. On nettoie de la terrasse au Karcher. On broie ce qui reste des arbres. On coupe quelques herbes et on en débroussaille d'autres.


Mais on construit une cabane aussi. Et pas de la chiure hein (oui c'est grossier mais j'aime) ! Toile d'arai-gnée en corde, plusieurs étages, barre de pompier (mais si la barre en acier là, qu'utilisent les pompiers et les stripteaseuses), mini-tyrolienne, mur d'escalade et j'en passe. Pas de la tarte non didiou qu’on vous dit.

Nevada dans son saule-pleureur préféré
Parfois on change de rythme. Robin part par exemple pour un travail de 3 jours. Sa mission, s'il l'a accepté (et c'est le cas) : creuser des trous. Il y a plus épique on le concède.
Même le gentil monsieur de l'agence d'intérim en rigole. Cela dit, c'est tout de même du sérieux, il doit pas-ser un test de détection d'une dizaine de types de drogues différentes. D'ici qu’il se prenne pour un lapin et veuille faire sa vie dans un de ces trous ?
Il décroche un autre job avec une société de construction. Encore des trous.

Elodie, pendant ce temps, travaille sur le tournage d'une publicité. Oui, mannequinat, carrière d'actrice, de créatrice publicitaire... tout cela n'a jamais été aussi proche !
Du moins c'est ce que Robin s'imagine qu'elle s'imagine. Dans les faits, elle  transforme d'un twist de poignet bien placé le rouge STOP en vert et libérateur GO avant de faire signe aux voitures d'avancer.

Road Controler - Clyde
En exclusivité OudyeWood, voici son témoignage poignant:
« Road controller. Ca sonne toujours mieux en anglais avec une petite touche d'accent.
Rdv 5h30 du matin, je me console en pensant au petit déjeuner offert à mon arrivée.
Une entreprise de pain australienne décide de tourner sa prochaine pub dans le petit village de Clyde (non Bonnie n’est pas là) pas très loin de Queenstown. On ne comprendra pas très bien le déplacement jusqu'en Nouvelle Zélande pour au final ne pas utiliser montagnes alpines, neige ou quelque chose du genre que l’on ne trouve pas en Australie.
L'enseigne du boucher de la rue principale doit vraiment leur plaire. Ou bien le patron de la fabrique de pain avait envie de se payer un séjour au ski tous frais payés.  Je penche pour la première option.
Mon rôle pendant 11h: empêcher les voitures de ruiner la future publicité axée amateur de tartines.
Au final ça valait le coup rien pour regarder un type habille en pâtissier avec une grosse moustache avec une miche sous le bras poursuivit par une meute de passant aguichée par l'odeur du levain ! En boucle. Pendant 11h. » 

Mais voilà, le temps passe et trois mois après notre arrivée (la deuxième du nom) sur Queenstown, il est grand temps d’aller se faire voir ailleurs et de rendre sa liberté à Pascale, qui nous a accueilli bras, four et porte d’une chambre douillette grands ouverts.

At Pascale's
La meilleure table de Queenstwon : at Pascale's

Nous quittons donc une nouvelle fois Pascale, Nevada dans sa cabane, Bloom la petite chienne ultra-poilue, Pebble le chat-qui-mordille-les-couvertures-en-les-malaxant-et-en-nous fixant-sans-jamais-cligner-des-yeux-même-que-c’est-un-peu-stressant et Sky le chat-tout-doux.

Nous avons passé nos journées à travailler à mi-temps dans le jardin et il est temps pour nous de travailler pour gagner des sous (bien !) et à plein-temps (moins bien…). Mais nous prévoyons de revenir sur Queenstown pour le prochain challenge : "Tu visitera la Fear Factory et Chicken tu ne criera point."
Nous allons tester la maison hantée géante de Queenstown. Si l'on crie "Chicken" (poule mouillée), les lu-mières se rallument, l'aventure s'arrête là, on perd notre défi et on vient implémenter le nombre des 6300 poules mouillées passées par ici.

Nous trouvons une mission d’une semaine via une agence d’intérim. Au programme, désherbage de pieds de vigne. On n’avait pas encore fait ça.
On retrouve l’équipe d’un vignoble pour lequel on avait travaillé quelques mois plus tôt pour la récolte et on se met au travail.

Equipe "weed-busters" - Mount Edward - Cromwell

C’est là qu'on a compris. On s'imaginait en train d’arracher les mauvaises herbes à la main, sur fond de musique issue de La petite maison dans la prairie. Mais non, on récupère de petites pioches et… on creuse. DES TROUS.
Tout est clair, nous sommes la cible du complot du TROU.

Au passage on fait la rencontre de Peter, notre superviseur (alias celui qui vient constater que l’on a massacré un bon nombre de pieds de vignes en tapant de travers avec la pioche).
Nous faisons une découverte intéressante.
Depuis longtemps, nous nous efforçons de percer le mystère de la Pavlova en Nouvelle Zélande. Matériellement il s’agit d’un gâteau, sorte de grosse meringue dans laquelle on ajoute crème et fruits.
Mais symboliquement, c’est la baïonnette au bout des fusils Kiwis unanimement braqués sur les Australiens.
On le sait déjà, la Nouvelle Zélande et l’Australie se chamaillent pour pas mal de choses de la plus haute importance (il faut dire qu’il y a pas foule dans le coin à part ces deux pays) : le rugby et la Pavlova en sont les deux plus gros sujets de discorde.
Du point de vue Australien, la Pavlova est indubitablement Australienne.
Du point de vue Kiwi, les Australiens sont tous des quiches au kangourou et la Pavlova est typiquement Kiwi.

Probablement nommée en référence à une ballerine Russe (non on ne voit pas le rapport entre le ballet et la meringue), le sujet est tellement sensible que même Wikipédia refuse de prendre part et écrit : « Le dessert a été inventé après un voyage de Pavlova en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les deux pays revendiquent l'invention de la Pavlova, ce qui est source de conflit. » ; « Keith Money, biographe d'Anna Pavlova, rapporte que le chef d'un hôtel de Wellington créa le plat lorsque Pavlova y séjourna en 1926 pendant un tour du monde. Les Australiens par contre soutiennent que la Pavlova est un gâteau inventé par Bert Sachse à l'Esplanade Hotel de Perth le 3 octobre 1935. »

 Wayne
Le mystère reste donc entier et les enjeux énormes. Il s’agit tout de même de blanc d’œuf battu.
Bref, pour en revenir à nous, On demande régulièrement les avis des Kiwis que l’on rencontre pour récupérer le maximum d’informations pouvant nous permettre d'élucider l’affaire. Jusqu’ici deux témoins se sont révélés particulièrement utiles.
- Wayne tout d’abord, avec qui l’on a travaillé sur le Queenstown Bike Festival, qui nous confesse que la Pavlova a probablement été créée en premier en Australie (!). Mais les Australiens étant, on cite, « trop stupides pour savoir écrire », les Kiwis ont rédigé la recette en premier et ont donc fait entrer le gâteau dans l’histoire.
Peter

- Ensuite, Peter.
Après des jours de travail à ses côté et d’acharnement de notre part, il nous avoue sans retenue que non seulement, la Pavlova est définitivement Kiwi mais également que sa mère inventa elle même la recette originale (elle s’appellait Pavlova). Les Russes sont hors du coup.
Il nous confie même que même si sa mère refusa de céder la recette à qui que ce soit avant de décéder, elle l’a probablement déposé à l’abri dans le coffre-fort familial. Nous n’avons pas réussi à lui faire cracher d’autres morceaux. Mais étant invités chez lui, nous passerons un jour où l’autre et nous percerons le mystère à jour.


Depuis, nous sommes à Cromwell, pas très loin de Queenstown et nous travaillons de temps à autre en intérim. On se trouve dans une petite chambre douillette, dont le prix est raisonnable, très bien équipée, dénichée complètement par hasard.
Le prix est très raisonnable même. La propriétaire ne veut des locations que d’une ou deux semaines maximum. Elle est gentille et nous faisons la connaissance de ses deux chiens qui ne cessent de demander des câlins dès qu’ils aperçoivent un humain.

Tableau - Les 3 laiderons
On s’installe. Un détail nous trouble tout de même. Ce tableau. Sincèrement, il fait peur. Qui peut bien peindre une brochette de trois têtes de petites filles moches, dont l’une à une tête de sole, des yeux énormes fixant d’un regard lourd de menaces.

Première nuit passée au chaud dans le lit confortable. Au réveil, mini-torticolis car soit disant Robin aurait essayé de dormir avec 3 oreillers. Coïncidence ? On ne sait pas.

Et si… Le prix était trop raisonnable, parfait pour attirer du sang neuf. Une à deux semaines ? Les voisins ne remarqueront pas si quelques personnes disparaissent avec ce changement perpétuel.
Les propriétaires sont toujours absents ! Les chiens n’aboient pas. Ne gémissent pas. Ne grognent pas. Ne soupirent pas. Ils n’émettent jamais aucun son. Ils se contentent de nous coller pour se faire caresser en nous fixant droit dans les yeux, sans jamais vouloir en finir. En fait, ils ne ressemblent pas à des chiens. Plutôt des humains transformés qui essaieraient d’attirer l’attention sur quelque chose qui cloche, leurs yeux criant « Fuis ! ».
A l’intérieur, une perruche qui n’a qu’une obsession : goûter vos doigts, comme si elle y était habituée. Coïncidence ? On ne pense plus.
Au moment où nous écrivons ces lignes le propriétaire s’est mis à frapper à la porte ! Soit disant pour réparer la télévision, fourbe !
C’en est trop, nous découvrirons ce qu’il se passe ici…

Au fait qu'est-ce que ça donne de manger du steak haché à la maison ? On a entendu dire que c'était 50/50, soit on attrape une fièvre de cheval, soit on tombe malade comme un chien.

Pour quelques photos de plus, cliquez ICI !
Robin et Elodie


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Parenthèse ressources humaines chez les kiwis  : "La HEALTH & SAFETY attitude", édito de Robin Legrand


Robin Legrand
Directeur de la rédaction de l'Erpess
On sait déjà que les Kiwis sont très branchés sur ce qu’ils appellent Health & Safety. En gros, il s’agit d’un service au sein des compagnies de travaux manuels en charge de la sécurité des employés, installant procédures, systèmes et sensibilisation afin de limiter les accidents corporels et de faire en sorte qu’ils ne se reproduisent plus.
Pour les employés cela prend la forme, par exemple, d’un panneau d’information actualisé hebdomadairement détaillant les risques encouru sur le chantier (par exemple : gel. Donc sol glissant. Oui.), d’un document détaillant les accidents de la compagnie au niveau national avec les conséquences et les actions mises en œuvre pour que ceux-ci ne se reproduisent pas ni n’arrivent aux autres branches de l’entreprise. Mais aussi de réunions hebdomadaires pour faire remonter des infos ou prendre la parole sur le domaine de la sécurité, ce qui peut être amélioré.
Bref, un système cohérent et vraiment bien pensé que les personnes en charge prennent souvent très au sérieux. Très. Au. Sérieux.

Le premier sourire que le H&S (Health & Safety) nous avait arraché était lors du remplissage du formulaire d’inscription à l’agence d’intérim qui a trouvé un contrat d’une semaine à Robin. On y a appris que si jamais on manquait de marcher sur un clou, on se devait de remplir un rapport « Near miss ». Alors c’est conceptuel mais en gros on pourrait le traduire par un « rapport de presque-accident ». Grosso modo c’est comme un accident, sauf que c’en est pas un. Par exemple, hop une planche tombe. Bon, pour le coup il y a personne en dessous. Ce n’est donc pas un accident, c’est un presque-accident. Un accident mais pas trop si vous voulez. Grave, mais pas trop.
On se dit que si on avait dû remplir un formulaire à chaque fois qu’on avait manqué de marcher sur un clou… on n’aimerait pas se prendre la pile de formulaires sur le pied (sans compter le fait que du coup, on devrait remplir un autre formulaire). Et on ne parle même pas de la pile de Roger (le papa de Robin)…

On reçoit également des sms automatisé rappelant de faire attention à sa santé. Du genre, « N’oubliez pas de la jouer safe aujourd’hui, on veut que vous retourniez à la maison ce soir. Et n’oubliez pas non plus que quelqu’un attend sûrement votre retour ». 
J’étais en train de passer le balai. En y repensant j’ai bien failli me balayer le pied tout à l’heure mais, Inch Allah, je pense que je m’en serais sorti.

Dernière chose, on doit remplir des « Analyses de tâches » lors de travaux particulièrement à risques. Ceux-ci détaillent les risques encourus, les protections à mettre obligatoirement en place et on signe à la fin pour montrer qu’on a bien compris.
Là, il s’agissait de passer le Karcher. Je n’avais pas prévu de risquer ma vie, donc je suis à la lettre les consignes.
Et pour être franc, je me suis parfois senti con dans ma vie. Mais jamais autant qu’en me trimbalant un extincteur (« à 2 mètres maximum du Karcher ») pour m’assurer que ce dernier ne prenne pas feu.






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